
Il m’arrive de temps à autre de donner la parole à d’autres, Marc a produit tourné, réalisé et postproduit un joli clip et je lui ai proposé de nous causer de la BMCC qu’il a entre les mains depuis quelques temps.
voici le clip :
voici ce que Marc Linnhoff en dit
Je réalise, tourne et monte mes films depuis quelques années avec parfois des pics de sur-motivation, l’arrivée du GH1 dans mes pattes a été un grand moment, je remercie au passage Emmanuel Pampuri pour son film « Flux » qui impulsa l’achat de mon premier boitier 🙂

Avec l’annonce de la BMCC au NAB 2012 et celle de la Digital Bolex via Kickstarter peu de temps avant, j’ai vu l’avenir sous un jour nouveau! Enfin l’arrivée d’outils « abordables » qui ne compromettent pas la qualité de nos images..
Comme l’hiver en Alsace, le délai de livraison de ma BMCC s’est fait largement ressentir.. Ce fut l’occasion pour moi de me former sur Resolve et d’appréhender un nouveau workflow. J’ai reçu ma caméra, fais quelques tests puis me suis lancé dans l’écriture et la réalisation du clip « Don’t Stop » sur une musique de mon ami Broad Rush. Ce tournage fut l’occasion pour moi d’apprivoiser la bête..
Voici mes impressions et remarques sur son utilisation :
Tout d’abord, la BMCC : à nue son ergonomie n’est vraiment pas idéale, équipée d’un rig, d’une batterie externe et d’un moniteur ou d’un EVF, tout roule, ce ne sont pas les options de configuration qui manquent.. Il est donc indispensable d’équiper un minimum la caméra qui présente encore des inconvénients certains (jusqu’à une possible mise à jour du firmware…?) : pas d’affichage de vus mètres audio, pas de possibilité de formater le disque ou d’effacer nos clips via la caméra elle-même.
Sans l’affichage d’oscilloscopes sur un moniteur externe, les zebras permettent de gérer l’exposition, sans quoi on est vite perdu sur de la prise de vue en extérieur. La BMCC n’étant pas munie de filtres intégrés, mon filtre ND variable (Genustech Eclipse) m’a plus d’une fois sauvé la mise…

Le choix DNG / Prores avec la license Resolve en prime sont pour moi des atouts indéniables.
Pour le tournage du clip « Don’t Stop », j’ai shooté le tout en RAW, environ 750GO.. Notre belle équipe a passé deux jours sur les lieux du tournage (Les anciens thermes de Soultzbach-les-Bains), disposant de tous les accessoires dont nous pouvions avoir besoin pour ce clip, du levier à la voiture sans permis décapotable. J’ai ramené le citron. Le script était dans ma tête, le découpage technique à moitié et le reste s’est fait sur le vif. La caméra était équipée de son Rig Bebob, on avait un petit lot d’optiques CP.2 (21, 35, 50), une Tokina 11-16, un 55mm Mikro Nikkor AI-S, un cineslider, un travelling, une Kino, quelques mandarines, fresnels, réflecteurs… Le temps était de la partie, il a fait moche, froid et il a plu pendant deux jours !!
Le clip ‘Don’t Stop’ a été ma première expérience de workflow avec des fichiers RAW, je le dis haut et fort : j’aime Resolve !! Il existe de nombreux tutos sur le net, des formations complètes en français, en anglais.. et évidemment des centres de formations pour ceux qui le peuvent. J’ai opté pour la série de tutos avec exercices à la clé, je dois reconnaître que ça m’a ouvert les yeux.
Connaître les possibilités qu’offre un logiciel d’étalonnage dans le traitements des DNG à une incidence sur nos prises de vue, notre lumière… L’annonce dans Resolve 10 de l’option d’étalonnage « Online » nous permettra d’aller plus loin, j’ai hâte de tester cet fonction.
Voici le workflow que j’ai appliqué à la post-prod du clip « Don’t Stop » :
1- J’ai importé mes rushs dans Resolve, augmenté légèrement le contraste et la saturation de l’ensemble de mes clips puis exporté mes Proxies
2- J’ai importé ces Proxies dans mon événement FCPX, dérushé, monté et exporté mon XML
3- De retour sur Resolve, j’ai importé le XML, étalonné le tout en exploitant la forte lattitude de mes DNGs puis exporté le clip en Prores 4444 2,5K
4- J’ai finalisé dans After Effect avec un passage par Mocha Pro pour la première disparition du protagoniste, ajouté mes effets puis redimensionné dans ma composition 1920/816px (rapport 2:35) et exporté mon Master
La Blackmagic Cinema Camera est un outil qui me pousse à aller plus loin dans l’écriture de mes films et dans le traitement de mes images, elle me stimule et couvre la plupart de mes besoins qui sont principalement du clip, de la fiction et du film corporate.
Après l’expérience « Don’t Stop », je n’ai qu’une envie c’est de remettre ça et vite. S’il est vrai que les modèles de caméras se multiplient à grande vitesse en les rendant obsolètes de plus en plus tôt, la plus grande accessibilité à des outils comme la BMCC et la démocratisation de pratiques telles que l’étalonnage sous Resolve sont pour moi très bénéfiques.

L’annonce des nouvelles moutures Blackmagic Production et Pocket Camera a frappée fort. Je vois bien la BMCC associée à plusieurs pockets camera pour du multi-cam efficace et discret, pour ce qui est de la Blackmagic Production Camera, je jubile à l’idée de l’avoir entre les mains..
Marc Linnhoff
Marc synthétise là tout ce que je pense de cette caméra, elle produit une image d’une qualité incroyable mais elle a été conçue avec les pieds. Autant on peut saluer Blackmagic pour avoir réussi à démocratiser le RAW en video mais aussi pour tout le travail depuis la première carte Decklink il ya 10 ans, autant l’ergonomie est vraiment peu encourageante.
Mais quand on rentre les images dans un système d’étalonnage musclé comme Resolve, en effet, c’est un régal !
la dynamique, la résolution sont d’une qualité exceptionnelle compte tenu du prix, tous ces éléments en font un produit incroyable pour peu qu’on accepte ses handicaps. La colorimétrie est très bonne aussi. Bref, en attendant la D16 de Digital Bolex qui a l’air d’être un poil mieux conçue sur le papier, il semblerai que cette BMCC et ces futures déclinaisons M43, 4K (Production caméra) et 1080p (Pocket) vont se vendre comme des petits pains. Si ADOBE sort réellement un Cinéma DNG à compression Lossless c’est gagné ! Car ce qui est incohérent dans la chaîne qui découle de ces caméras c’est le prix du stockage nécessaire à chaque projet quand on tourne en RAW. Avec des débit allant de 8,5 à 10,5 go/ min suivant le framerate ça complexifie la donne.
Aujourd’hui RED règne en maître absolu dans cette guerre des codecs car c’est les seuls à faire un RAW compressé d’un rapport poid de fichier / qualité d’image incomparable. A la question » qu’attendent donc les autres ? » la réponse est sans doute du côté d’un brevet déposé par RED sur le fait de compresser le RAW. L’alternative Cineform semble tomber aux oubliettes, c’est bien dommage car ce codec est très bon mais depuis le rachat par GoPro on ne sait pas trop ce que ça va devenir …
Wet & see
// DON’T STOP//
Production et réalisation : Marc Linnhoff – marclinnhoff.com
Musique de BROAD RUSH, téléchargez la version complète : hook-up.fr/broad-rush-dont-stop/
Photos de tournage par P-mod : flickriver.com/photos/p-mod/sets/72157633312056426/
Avec : Joffrey Schmidt – Clarisse Hagenmuller – Denis Jelly – Nina Schouler – Pierre Riff
Cadre et post-prod : Marc Linnhoff
Lumière : Ludovic Haas – Dom Pichard / P-mod
Maquillage et coiffure : Anne-K Lejeal – Elsa Parmentier
Un grand merci à Yoko Tsuji, Jacques Roth, Tsaki, Arnaud Masson, Jessi & Michel.
Lieux du tournage : les Anciens Thermes de Soultzbach-les-Bains https://sites.google.com/site/lesanciensthermes/