
Il est là entre mes mains depuis quelques jours et j’ai failli plus d’une fois publier des images avant la date fatidique d’aujourd’hui, tellement j’étais impatient voir frétillant comme le jeune goujon, mais j’avais pas le droit et j’essaye de préserver la relation de confiance établie avec la maison Panasonic.
J’ai eu la chance il y a quelques mois de collaborer avec des ingénieurs de Panasonic, je dois remercier monsieur Kitao a qui j’ai envoyé un mail au culot il y a plus d’un an et qui s’est intéressé à ma petite personne. J’ai rencontré monsieur Uematsu qui m’a interrogé sur mes envies pour un futur produit GH. Tout ça n’aurait pas été possible sans la complicité de Richard Studient ni Romain Chollet ni Laurent Roussel. Merci à vous les gars.
C’est un vrai prototype que j’ai le boitier en lui même n’est pas finalisé, au niveau des revêtements c’est pas du tout ce qui est prévu. Etrange sensation que de se promener dans la rue avec un boitier maquillé avec du gaffer 😉 j’ai vérifié partout pas de paparazzi, c’est bon ! Le firmware est en beta, V0.3 pour le boitier, un peu plus évolué que celui avec lequel Philip Bloom a travaillé pour le film de lancement officiel tourné à L.A. La version finale sera bien entendu débuggée et les petites erreurs corrigées.
Le GH3 est donc une évolution majeure dans la gamme Lumix G, le GH1 a pour moi été une petite révolution et j’ai tout de suite affiché une certaine préférence pour cette famille Micro 4/3. Pourquoi préférer ce petit boitier a sa majesté le 5DmkII à l’époque, je suis passé pour un hérétique ! Je l’ai expliqué en long en large et en travers dans plusieurs articles dédiés au GH1 et au GH2 tout simplement à cause d’une ergonomie beaucoup plus simple, plus intuitive, à cause du fait qu’on pouvait dès le départ filmer au viseur et aussi que l’autofocus était fonctionnel. Mais pas que, cet encombrement mini, cette petite gueule d’amour, c’était le seul boitier qui avait été conçu pour les 2 usages, le seul qui s’assumait 100% Hybride dédié a cette nouvelle race de faiseurs d’images que nous sommes nous : LES PHOTOFILMEURS.

En attendant de vous montrer un truc plus abouti j’ai filmé des choses autour de moi ce week end en mode 1080p24 72mb/s intra image
[vimeo http://www.vimeo.com/49558910 w=500&h=281]
Bon ok j’arrête l’historique quoi que je sens poindre un peu de nostalgie dans mes mots. Figurez vous que sans ce petit boitier je n’aurais pas écrit ce blog ! C’est à la fin de l’été 2009 qu’un matin j’ai reçu un coup de téléphone étrange d’un certain Laurent Roussel, 8h du matin la bouche encore pâteuse, j’avais bossé tard la nuit d’avant … dring … (il faudra songer à changer l’onomatopée de sonnerie de téléphone c’est plus trop d’actualité) Je décroche : … « Bonjour, je suis Laurent Roussel PDG de panasonic France …. j’aimerai savoir si vous voudriez bien me vendre votre film fait sur le bateau en corse » … En gros le patron français d’une des plus grosse société d’électronique japonaise me demandait de lui vendre mon film de vacances … la suite c’est une collaboration qui dure même si j’ai aussi développé une certaine complicité avec Canon et Nikon j’ai toujours eu un gros faible pour cette maison Panasonic.

Bon revenons au sujet qui vous intéresse.
En vrac et dans le désordre voici les petites choses que j’ai pu constater sur le boitier de pré-série qu’on m’a confié. Premièrement le codec, j’avais expliqué à Uematsu San que le codec AVCHD était trop limitant et c’est en partie ce qui avait fait le succès du hack du GH1 et GH2. Le problème est que le codec officiel AVCHD est fixé c’est une norme et un brevet, ils ont du en sortir pour proposer une alternative et monter en débit. l’AVCHD est toujours présent dans le boitier mais on peut dorénavant écrire des fichiers QuickTime H.264 avec des débits nettement supérieurs aux limitations imposées par la norme AVCHD. Désormais on peut monter jusqu’a 72mb/s en mode intra image ce qui est très bon jusqu’a 24 ou 25 i/s dans la version européenne et 30i/s en version USA / Japan. à 50mb/s on peut avoir du 1080p50 ou 60 en fonction car le GH2 semble toujours zoné. J’ai un peu râlé sur cette histoire de zonage mais a priori, c’est pour des histoires de distributions commerciale que les boitier pana ont des limitations géographiques. Au final on peut donc enregistrer dans plusieurs codecs en AVCHC, en Mp4 ou en QuickTime.
J’ai demandé plus de dynamique, plus de résolution aussi pourquoi se cantonner au 1080 alors que le capteur fait 16MP ? J’avais aussi suggérer d’avoir plus de possibilité de fenêtrage dans le capteur et pourquoi pas de refaire un « zoom numérique » pour le mode vidéo vu qu’on enregistre que 2MP au final … à priori c’était un peu trop tôt mais pourquoi pas pour le prochain GHxxx ?
J’avais demandé un mode « Log » une image plus neutre, qui soit « low contrast » afin d’avoir plus de latitude, de ce côté là j’ai pas été écouté pour le moment mais je ne désespère pas sachant qu’il s’agit essentiellement de software et que le firmware est amené à bouger.
Par contre j’avais demandé que la surface tactile de l’écran soit toujours active même si on avait l’oeil dans le viseur et ça c’est bon, vous pouvez viser à l’oeil avec le superbe nouveau viseur 1,7MP Oled (Sony ?) tout en positionnant l’endroit ou vous désirez avoir le point du bout du pouce. Ce truc là j’en suis fier !
J’avais aussi demandé de passer sur un Jack plus standard et d’avoir plus de fonctionnalités audio, c’est fait, on peut écouter le son qui rentre ou le son enregistré en direct ! Autre bonne nouvelle la prise remote est toujours présente mais on a plus à choisir entre la télécommande ou le micro. Panasonic annonce aussi un micro canon qui semble intéressant dans les accessoires.
J’avais demandé aussi à ce qu’on puisse avoir une sorte de fader tactile sur plusieurs fonctionnalités pour éviter les bruit des molettes pendant l’enregistrement, c’est chose faite ! C’est présent sur le Canon 5D MkIII aussi via la molette tactile.
Dans les fonctionnalité pro j’avais espéré la gestion d’un Timecode un peu évolué, c’est chose faite, RecRun ou FreeRun avec possibilité de paramétrer celui ci.
J’avais aussi été assez insistant sur la sortie HDMI qui est désormais « libre » et qui pourra permettre d’être reliée à un enregistreur externe.
Dans les accessoires j’ai aussi discuté avec eux d’un grip avec du XLR pour le son … à priori c’est pas officiellement là mais ce sera peut etre pour plus tard. En attendant le grip existe et devrait permettre une meilleure prise en main ainsi qu’une meilleure autonomie.
http://vimeo.com/pampuri/review/49558910/0880d601ae
Au final le prototype que j’ai eu entre les mains était encore un peu buggé mais quelle joie. Le grip est bon, le boitier a un peu enflé et fait décidément plus pro, on est loin du frêle GH1 et de sa finition plastoc. Ici on a affaire à du magnésium, le boitier est tropicalisé, si si vous lisez bien ! Les molettes (oui il y en a 2 désormais) tombent bien sous les doigts et les 3 petits boutons proches de l’index permettent d’être super réactif pour sélectionner la balance, la sensibilité ou le correcteur d’exposition. Le GH3 est aussi doté de 5 boutons de fonction programmable. Les 2 barillets supérieurs sont plus largement dimensionnés et ne sont pas trop faciles à bouger.
Le GH3 est donc réellement positionné plus haut dans la gamme, il vise plus les experts et pourquoi pas les pros. Alors oui en photo à l’heure des 36Mp du D800 les 16Mp du GH3 font un peu léger, moi ça me va bien, j’en ai mare de cette course aux pixels. Tout a été passé à la moulinette de monsieur plus, les fonctionnalités de base sont là mais tout a été bonifié. L’autofocus qui était déjà une référence dans le micro 4/3 est encore plus rapide, la sensibilité semble avoir été améliorée (la concurrence avait une longueur d’avance dans ce domaine) je n’ai pas la prétention de faire des test scientifiques à ce sujet et je laisserai les Digital Préview, DXO & co faire leurs conclusions. La visée vidéo et encore meilleure et l’écran tactile de toute beauté.

La technologie OLED fait des merveilles c’est peut etre même un poil trop contrasté. J’ai noté que l’image dans le viseur avait un comportement bizarre quand on déclenchait l’enregistrement, la qualité affichée se dégrade, les couleurs et les contrastes changent et pas dans le bon sens. Je ne sais pas si c’est uniquement lié à la version beta du firmware, c’est un truc qu’on peut noter dejà sur le GH2 mais là c’est pire ?! C’est assez vilain en mode Qtime 72mb/s mais moins pire en AVCHD. Des fonctionnalités de ralenti sont arrivées dans le GH3 mais j’ai pas encore pu faire joujou avec car sur mon firmware beta il semble que ce soit buggé.
Je reviendrai en détail sur les menus mais l’ergonomie logicielle est toujours aussi simple et évidente. Inutile d’ouvrir le mode d’emploi si vous connaissez un peu le jargon. La qualité de l’affichage des menus est aussi devenue plus agréable, plus fine grace aux afficheurs de meilleure qualité.
Dans les trucs de geeks est à noter la présence d’un serveur wifi intégré permettant le pilotage du boitier via une application iOS ou Android, c’est assez succinct pour l’instant mais ça fonctionne, on a même le monitoring en streaming ! Ces fonctionnalités sont plus développées pour la photo pour le moment mais ça laisse présager un avenir sympathique pour des applications comme la photo / video animalière. Quand on voit les modules wifi optionnels d’autres marques on a le droit de rire un peu ….
A ce sujet il faut noter aussi que la collaboration avec Olympus se resserre car le GH3 hérite du pilotage flash sans fil de l’autre marque fondatrice de la monture Micro 4/3.
Moi je kiffe ma race, j’en ai rêvé de tout ça, j’ai tant espéré que ce petit bolide devienne plus «pro» … je suis peut etre pas objectif ayant un peu participer a la conception de ce GH troisième du nom et je vous laisserai juger mais à mon sens c’est une très belle évolution dans cette gamme et même si ça devient un poil plus cher on est sur un produit de haut niveau, compact, malin, performant et innovant.
Les spécifications finales de la bête viennent de tomber sur les télescripteurs
http://panasonic.net/avc/lumix/systemcamera/gms/gh3/specifications.html
Le film photographié par Philip Bloom
et son making of