Réflexions sur la révolution numérique dans le cinéma.
Longtemps que je me pose des questions sur les futures évolutions de cette petite révolution que nous traversons actuellement nous les faiseurs d’images. J’ai déjà abordé le sujet à droite et à gauche et je me suis dit qu’un petit post rassemblant un peu les idées et les points de vues que je pouvais avoir sur la question pouvait être utile.
Il y a fort longtemps quand je suis sorti de l’école, j’avais déjà un comportement qui pouvait paraître étrange. En 1991, un mec qui était autant passionné par la musique, le son, la vidéo, ou la photographie, ça ne pouvait pas exister et on m’a souvent demandé de choisir, j’en fut incapable.
J’aime créer, et j’aime aussi les technologies associées à ces créations. Aujourd’hui a l’heure ou les contenus réalisés avec des Photocam ont envahi les écrans qu’ils soient grand ou petits (même thalassa sur France 3 est tourné en DSLR) je pense que nous n’aurons plus besoin de choisir. Photographe, vidéase, cinéaste ? Peu importe, la génération qui arrive s’en fout royalement, il passent autant de temps à filmer qu’a photographier avec le même plaisir.
L’accessibilité à l’outil ne dispense pas le talent et le travail, mais cette démocratisation redistribue les cartes et les clivages liés au porte monnaie n’ont plus lieu d’exister, on peut venir d’un « milieu défavorisé » et faire du cinéma. On peut acquérir à moindre frais des outils performants. Désormais seul le talent et le travail fera la différence.
Les constructeurs comme RED ou plus récemment, Canon ont créé des outils qui a bouleversé la donne, nous assistons à une réelle re-distribution des cartes dans le petit monde de la prise de vue. Non seulement il rassemblent photographes, vidéastes et cinéastes, mais en plus ces outils sont devenus presque accessibles, une vraie belle camera 35mm coute encore plus de 300k€ les optiques, une série de prime c’est 140k€ pour avoir de la belle qualité. Aujourd’hui une Alexa coûte 45k€ une RED One MX 25k$ Une Sony F3 15k€ une AF101 tout comme un Canon 1dMkIV et un GH2 849€ … tous ces outils permettent de tourner des images d’une qualité encore inaccessible il y a peu de temps et cette qualité est largement suffisante pour être projetée en salle. Certes ce n’est pas tout de la même qualité mais le fossé se resserre.
Basé sur la même révolution, celle du numérique, l’accès a la salle se démocratise grâce au numérique, le fameux fichier DCP (Digital Cinéma Package) qui va a terme remplacer la pellicule dans les salles est un formidable outil. La ou il fallait trouver pas loin de 10000€ pour une copie 35mm pour un court métrage, il en faut 10x moins en numérique.
Je ne cherche pas à faire du mal à ceux qui aiment la pellicule, je l’aime aussi et a mon avis autant elle perdurera encore de façon marginale pour la prise de vue pour les productions qui auront envie de se démarquer par son esthétisme. Autant en tant que support de diffusion, on ne peut que constater le déclin. Oui la pelloche comme on l’appelle est encore supérieure aux caméras cinéma numérique, mais pour combien de temps encore ? Si on regarde le petit monde de la photographie qui a entamé sa révolution numérique bien avant cette du cinéma on peut aisément se projeter. Mais revenons à la diffusion, il y a 9 ans (2002) la norme DCI est sortie des cartons du consortium portant le même nom, début 2009 il y avait moins de 300 écrans numériques sur le parc de 5400 écrans en France. Nous aurons atteint les 2000 écrans à la fin du premier trimestre. En 2006 les gros multiplexe des grands groupes d’exploitants faisaient de la place dans leurs cabines de projection aujourd’hui c’est les projecteurs 35mm qui s’en vont des mêmes cabines.
Là ou le bas blesse c’est qu’il n’y a plus de réel fossé technologique entre le cinéma et la télévision, la haute définition est devenue un standard et ses normes techniques sont suffisamment proches de celle du cinéma. Entre HD et 2K seuls quelques pixels séparent les 2 mondes. Un bon lecteur bluray, un bon projecteur home cinéma HD et on se retrouve à avoir une meilleure qualité à la maison que dans certaines petites salles de cinéma. C’est à mon avis par le 4K que le cinéma créera la distance qualitative qui le séparera de la HD et donc de la télévision (si on met de côté la 3D mais c’est un autre débat). Le parc de projecteur installé est en grande partie « upgradable » avec les nouvelles puces DLP 4K.
Depuis 3 ans maintenant les Machineurs, se sont positionnés sur le DCP, la route est encore longue car nous n’avons pas l’antériorité ni reconnaissance en tant que laboratoire. Certains on tenté l’aventure du DCP Machineurs et nous ont fait confiance en rentrant par la petite porte, publicités, bandes annonces, courts métrages etc. Depuis, nous avons encodé plusieurs DCP de long métrage et la qualité de notre travail a satisfait plusieurs producteurs et distributeurs qui apprécient le rapport qualité prix mais aussi la complémentarité de l’offre avec Cinego qui gère les KDM et Filmor qui s’occupe de la duplication et de l’acheminement des copies (matériel ou immatériel)
http://vimeo.com/20430474
2011 est plus que jamais l’année de la numérisation du cinéma.